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Le séjour que fit Gauguin en Bretagne au printemps de 1894 tourna au désastre. Après avoir récupéré sans difficulté chez Johanna Bonger-Van Gogh les toiles de Van Gogh qui lui appartenaient, Gauguin pensa faire de même avec Marie Henry chez qui il avait laissé 18 oeuvres en quittant précipitamment le Pouldu au début de novembre 1890. Marie Henry refusa de les rendre et il fallut aller en justice. Gauguin pris par les démarches en ce sens dut rester à Pont-Aven avec Annah la Javanaise qui s'ennuyait ferme. Une sortie à Concarneau fut projetée en compagnie de quelques jeunes peintres et amis. Sur le quai du port une rixe éclata entre le groupe et les marins. Gauguin n'y était pour rien, mais il défendit ses amis attaqués. Il eut d'abord le dessus, puis succomba sous le nombre, et sa jambe fut brisée au ras de la cheville. La médecine du temps ne pouvait pas grand chose pour son pied blessé, gravement handicapé, qui ne se remit jamais des suites de cette fracture ouverte et de la pseudo-arthrose qui s'ensuivit. Les douleurs furent indicibles : même bourré de morphine et d'alcool, il dormait à peine quatre heures par nuit. Ainsi débuta son alcoolisme et son besoin de recourir si souvent à la morphine lors de crises inflammatoires très douloureuses jusqu'à la fin de sa vie. Le procès contre ses agresseurs ne fut qu'une farce, une mascarade qui protégea les coupables, et celui contre Marie Henry fut perdu. Annah voulut retourner à Paris. Gauguin lui donna l'argent nécessaire. Elle trompa tout le monde et pilla l'appartement emportant les objets de valeur et son portrait. Durant ces mois d'été et de désespoir, Gauguin peignit les tableaux ci-dessous, dont celui de la jeune Bretonne  en prière, celui d'un Noël consolant, et ces deux paysages de neige. J'ai cherché longtemps une image du "Drame au village" censé être au Chicago Art Institute, mais ne l'ai pas trouvé. Dommage, car on y voyait resurgir la "pauvresse" des "Misères humaines", la toile peinte à Arles qui représente la jeune femme au masque de momie péruvienne. Gauguin très durement atteint se tourne vers son enfance péruvienne et chrétienne. Ecoeuré, il décide de repartir définitivement pour "l'Océanie".  Il rentre à Paris pour tenter de réunir l'argent nécessaire en bradant ses tableaux.  

Bretonne en prière, 1894, Williamstown, Clark Art Institute.

Nuit de Noël, 1894, Indianapolis Museum of Art.

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Village sous la neige I, 1894, Collection particulière.

Village sous la neige II, 1894, Paris, Musée d'Orsay, en dépôt permanent à Pont-Aven, au Musée des Beaux-Arts. Cette toile magnifique fut emportée par Gauguin à Tahiti, puis aux Marquises. Elle était sur un chevalet au moment de la mort du peintre. Elle fut achetée en 1903 par Victor Segalen.

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