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 A court d'argent, Gauguin se fit journaliste pour le parti catholique local, opposé au parti protestant. Nulle querelle religieuse là-dessous, ce bipartisme venait de l'histoire de Tahiti d'abord converti au protestantisme par les missionnaires anglais, puis passé sous l'influence catholique avec la domination française. Le journal du parti catholique était Les Guêpes. Gauguin y fut recruté à la suite d'une libre opinion très polémique, dirigée contre le procureur de Papeete.  Bientôt il devint gérant du journal. Cette activité l'occupa de juin 1899 à août 1901. Ce fut assurément la période la moins glorieuse de sa vie, bien qu'elle lui ait permis de vivre et de devenir un membre influent de l'île. Sa plume redoutée faisait mouche et tout le monde attendait chaque numéro avec impatience. Il attaqua avec une ironie cinglante tous ceux qui l'avaient humilié auparavant ou lui avaient opposé des refus jugés inadmissibles. L'administration coloniale, les chefs du parti protestant furent ridiculisés et devinrent des ennemis de Gauguin. Le parti catholique sortit renforcé, il obtint le départ du gouverneur et son remplacement. Enfin, pour complaire aux Français locaux, Gauguin s'en prit à l'immigration chinoise avec violence. Il tint meeting à Papeete avec le propriétaire des Guêpes et fit signer une pétition pour l'arrêt de l'immigration chinoise. On lira ci-dessous l'appel à ce meeting signé Gauguin. Il en dit long sur les idées soutenues. Les Chinois de l'île le détestèrent à leur tour. Enfin, lassé par ce parcours qui ne lui valait rien, mais le "soulageait", il mit un terme à ce métier qui avait été celui de son père, polémiste virulent lui aussi... Gauguin avait tenté de créer un journal parallèle pour tirer de meilleurs profits de ses textes. Ce journal, "Le Sourire, Journal méchant" (tout un programme), ne se vendit qu'à 30 exemplaires par numéro. Echec financier, il ne parut que quelques mois. On verra ci-dessous le bandeau qui ouvrait cette publication illustrée par des dessins d'une originalité qui échappa, bien sûr, à tout le petit monde de Papeete.

Durant l'année 1900, Gauguin ne fit aucun tableau !

Impossible de rester sur place après tous ces désordres, il décida  de partir pour d'autres horizons et se tourna vers les Marquises. 

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